Quelle est (vraiment) la température normale du corps humain ?

Contrairement à une idée communément admise, la température corporelle serait en réalité plus basse que le fameux seuil des 37 °C. Plusieurs pistes pourraient expliquer cette erreur.

Mathis Thomas
Mathis Thomas
Rédigé le
La température corporelle interne moyenne se situerait plutôt autour des 36,5 °C
La température corporelle interne moyenne se situerait plutôt autour des 36,5 °C  —  Shutterstock

La température normale du corps humain est-elle vraiment de 37 °C ? Tout le monde a déjà entendu cette maxime dans la bouche d’un proche ou même d’un professionnel de santé. Il semble pourtant qu’elle soit erronée. Et ce depuis plus de 150 ans.  

Retour dans le passé, en 1868. Carl Reinhold August Wunderlich, médecin allemand, travaille dans une clinique militaire. Il mène une étude sur 25 000 soldats, dans le but de calculer la température moyenne du corps de ses patients. Ses résultats font depuis référence à travers le monde et les années : le corps humain se thermorégule à une température de 37 °C. 

Qu'est-ce que l'hypothermie et l'hyperthermie ?

Lorsque la température corporelle augmente trop (au-dessus de 37,5 °C ou 38 °C), à cause de l'augmentation de la chaleur dans l'environnement, c'est l’hyperthermie. À ne pas confondre avec la fièvre, généralement causée par une infection. Descendre sous les 35 °C de température corporelle est, au contraire, synonyme d’hypothermie

Si ces deux points font toujours consensus aujourd'hui, la température moyenne, décrite par Wunderlich est, elle, remise en question. En réalité, cela fait déjà plusieurs années que les scientifiques font fi de ce "point d'équilibre physiologique". Plusieurs études ont été menées pour tenter de comprendre la raison pour laquelle notre température moyenne se situe en fait autour de 36,5 °C. Avec des résultats plutôt hétéroclites.

À lire aussi : Oui, Jack aurait pu survivre dans le film Titanic !

Un thermomètre trop daté ?

En 1992, une étude menée sur un échantillon réduit de 148 patients avait établi une température moyenne de 36,8 °C. Son auteur, le médecin américain Philip Mackowiak, avait alors estimé que la différence entre ses résultats et ceux de son prédécesseur allemand Wunderlich pouvait s’expliquer par le matériel défectueux et les méthodes de recueil de données archaïques de ce dernier. 

En effet, afin de relever près d’un million de température au cours de sa carrière selon ses dires, Carl Wunderlich utilisait des thermomètres placés sous l’aisselle du patient, qui devait ensuite être maintenu immobile pendant une quinzaine de minutes avant que l'instrument ne donne un résultat plus ou moins fiable. 

Une température corporelle en baisse constante ?

Plus récemment, d'autres recherches ont proposé une autre piste : celle de la baisse continue de la température moyenne du corps humain depuis 1868. Selon des chercheurs de l'université américaine de Stanford, la température aurait baissée de 0,03 °C tous les dix ans depuis les résultats de Wunderlich. 

En analysant plusieurs centaines de milliers de températures prises 1862 et 2017, leurs résultats, montrent une baisse continue de la température à travers les années, pour arriver aujourd'hui à une moyenne de 36,5 °C.

Des facteurs extérieurs en cause ?

Enfin, une autre étude publiée en 2019 dans le Journal of General Internal Medicine, privilégie plutôt la piste du mode de vie et des variations journalières pour expliquer cet écart de température moyenne, entre 1868 et aujourd'hui. D'après ces résultats, la température atteint son minimum entre 3 et 5 heures du matin (36,1 °C de moyenne) et son maximum au milieu de l'après-midi, enter 16h et 18h (36,7 °C de moyenne). La moyenne générale se situerait, une nouvelle fois, autour de 36,5 °C. 

L'étude montre également que les femmes présentent une température moyenne plus élevée que celles des hommes, notamment lors de la période d'ovulation. Les personnes âgées auraient également tendance à avoir une température corporelle plus basse que celle des plus jeunes. Enfin, différents facteurs extérieurs, comme la prise de médicaments, d'alcool ou de drogues vont également augmenter la température interne.

reportage réchauffement climatique adaptation du corps
Le Mag de la Santé - France 5