Sportifs, attention à la mort subite !

Âgé de 35 ans, un participant à l'épreuve de relais deux fois 21 km du marathon Nice-Cannes, est décédé d'une crise cardiaque, au vingtième kilomètre. De tels cas de mort subite du sportif sont fréquemment rapportés dans la presse. Quels sont les facteurs de risque ? Existe-t-il des actions de prévention ? Comment agir lorsque survient l'accident ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Sportifs, attention à la mort subite !

Mort subite : quels sont les facteurs de risque ?

La mort subite de l'adulte résulte d'un emballement du cœur. "Le cœur va accélérer, battre beaucoup  trop vite, tellement vite que la pompe cardiaque n’a plus le temps de se remplir de sang", nous expliquait le Pr. Xavier Jouven, cardiologue à l'hôpital européen Georges-Pompidou, à la tête du Centre d'Expertise sur la Mort Subite de l'adulte (CEMS) depuis septembre 2011"La pompe n'éjecte plus rien, il n'y a plus de débit, [plus de sang oxygéné] qui arrive au cerveau, et la personne décède."

Si l’évènement semble imprévisible, certains facteurs de risques, notamment génétiques (pathologies cardiaques familales), sont désormais identifiés.

Le rythme cardiaque et son évolution

Les chercheurs estiment désormais que la simple mesure du pouls au repos permet d’évaluer le risque de mort subite. Plus il est faible, moins le risque est élevé. En suivant le pouls de centaines d’hommes pendant cinq ans, l’équipe du Pr. Jouven a montré que ceux dont la fréquence cardiaque augmentait au fil des années avaient une mortalité plus forte pendant les années qui ont suivi que ceux chez qui elle restait stable. Ceux qui, sur la même période, diminuaient leur fréquence cardiaque, avaient une mortalité plus faible.

Autre observation : il est normal que, sous l’effet du stress, les battements cardiaques augmentent légèrement juste avant l’effort. Selon l’équipe du Pr Jouven, dans les études cliniques, les personnes chez qui l’augmentation pré-effort dépasse les douze battements par minute "sont ceux qui, pendant le suivi, [font] des morts subites."

De même, une trop faible augmentation du rythme cardiaque durant l’effort incite à une grande vigilance. "Les gens qui augmentent trop leur fréquence cardiaque lors d’un stress psychique, mais pas assez leur fréquence cardiaque lors de l’effort, ceux là sont très à risque de mort subite", détaille le Pr. Jouven. "Leur risque de décéder de mort subite est quatre fois supérieur à celui de la population générale."

Autres facteurs de risques

Selon l'Académie de médecine, le dopage pourrait également constituer un facteur de risque de mort subite.

En 2012, elle déplorait que, faute d'autopsie systématique, "78% de ces accidents [restaient] d'origine indéterminée".

En France, selon le Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF), on répertorie 1.300 cas de mort subite par an chez les sportifs. Hors des stades, ce sont près de 40.000 personnes qui décèdent de tels arrêts cardiaques brutaux (soit dix fois plus que le nombre de morts sur les routes).

La mort subite survient moins d’une heure après l’apparition des premiers symptômes.

Les enfants peuvent être touchés. Selon le Pr. Jouven, "si ce type de drame n'est pas rare, il est difficile d'évaluer exactement le nombre d'enfants victimes de mort subite du sportif. [Une quinzaine] de cas ont été répertoriés en 2010 sur la moitié des départements français, mais ce chiffre n'est probablement pas exhaustif."

Quelle prévention ?

Depuis 2011, Pascal Candau intervient auprès des sportifs pour les sensibiliser au risque de mort subite. Son fils Maxime, capitaine de l'équipe de France junior de handball, a été foudroyé lors d'une rencontre internationale en mai 2009.
Depuis 2011, Pascal Candau intervient auprès des sportifs pour les sensibiliser au risque de mort subite. Son fils Maxime, capitaine de l'équipe de France junior de handball, a été foudroyé lors d'une rencontre internationale en mai 2009.

Aujourd’hui, le dépistage des personnes à risque n’est malheureusement pas systématique.

Pour prévenir la mort subite du sportif, le Club des cardiologues du sport diffuse depuis 2011 des conseils pour éviter de se mettre en danger lors de la pratique d'un sport.

Ce sont les 10 règles d'or à respecter afin que le sport continue à rimer avec santé et bien-être.

Les 10 règles d'or :

  1. Je respecte toujours un échauffement et une récupération de 10 minutes lors de mes activités sportives
  2. Je bois 3 à 4 gorgées d'eau toutes les 30 minutes d'exercice à l'entraînement comme en compétition
  3. J'évite les activités intenses par des températures extérieures inférieures à - 5°C ou supérieures à 30°C
  4. Je ne fume jamais 1 heure avant, ni 2 heures après une pratique sportive
  5. Je ne prends pas de douche dans les 15 minutes qui suivent l'effort
  6. Je ne fais pas de sport intense si j'ai de la fièvre, ni dans les 8 jours qui suivent un épisode grippal (fièvre + courbatures)
  7. Je pratique un bilan médical avant de reprendre une activité sportive intense si j'ai plus de 35 ans pour les hommes et 45 ans pour les femmes
  8. Je signale à mon médecin toute douleur dans la poitrine ou essoufflement anormal survenant à l'effort*
  9. Je signale à mon médecin toute palpitation cardiaque survenant à l'effort ou juste après l'effort*
  10. Je signale à mon médecin tout malaise survenant à l'effort ou juste après l'effort*

* Quels que soient mon âge, mes niveaux d’entraînement et de performance, ou les résultats d'un précédent bilan cardiologique.

Comment agir face à un cas de mort subite ?

- Chronique du Dr Gérald Kierzek, urgentiste, du 18 avril 2012 -

Lorsqu’un arrêt cardiaque se produit, il convient d’agir le plus vite possible. Il faut commencer le massage cardiaque immédiatement, et ne pas s'arrêter avant l’intervention des secours.

Chaque minute qui s'écoule augmente le risque de décès de 10%. Le massage cardiaque permet de maintenir la circulation du sang, et l’irrigation du cerveau.

Une intervention rapide peut donc sauver une vie.