Syndrome de la vessie douloureuse : quand uriner devient un supplice

Également appelé cystite interstitielle, le syndrome de la vessie douloureuse concerne neuf fois sur dix des femmes. Les symptômes : des envies d'uriner anormalement importantes, et de vives douleurs lors de la miction.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Le fonctionnement normal de la vessie

Le fonctionnement de la vessie avec Michel Cymes
Le fonctionnement de la vessie avec Michel Cymes

L'urine fabriquée dans les reins arrive à la vessie par deux uretères. L'intérieur de la vessie est tapissé d'une muqueuse, une épaisse paroi composée de plusieurs couches musculaires. Plus la vessie se remplit d'urine, plus la paroi se tend. Des capteurs sensoriels activés par cette distension vont informer le cerveau par l'intermédiaire des nerfs, c'est la sensation de besoin d'uriner.

Si le taux de remplissage est important, le cerveau commande la contraction de la vessie et l'ouverture du premier sphincter. Mais l'urine s'écoulera vers l'extérieur, à travers l'urètre, uniquement si on décide de relâcher le deuxième sphincter situé plus bas. La miction est donc un mécanisme plus complexe qu'il n'y paraît.

Le mécanisme de la miction perturbé

La cystite interstitielle est aussi appelée syndrome de la vessie douloureuse
La cystite interstitielle est aussi appelée syndrome de la vessie douloureuse

Dans le syndrome de la vessie douloureuse, c'est le mécanisme de la miction qui est perturbé. Tout commence par une inflammation de la vessie - une cystite - qui va entraîner l'apparition de petites plaies. Ces dernières vont fragiliser la muqueuse et stimuler la contraction du muscle vésical, la partie qui n'est pas sous le contrôle de notre volonté. Résultat, les personnes qui souffrent de ce syndrome ont des envies de mictions anormalement fréquentes, de jour comme de nuit. Certains malades se réveillent jusqu'à vingt fois par nuit pour uriner.

L'action même d'uriner devient en plus un acte douloureux, des sensations de brûlures et de spasmes irradient en permanence au niveau du bas-ventre, de l'aine et des cuisses. Dans la moitié des cas, les rapports sexuels deviennent très douloureux.

Invalidant en société et dans l'intimité, ce syndrome à une évolution chronique, des poussées entrecoupées de périodes d'amélioration. Des médicaments peuvent soulager, en agissant contre la douleur et l'inflammation, mais aucun ne permet encore d'en guérir.

Les hypothèses qui expliquent ce syndrome sont multiples :

  • une hypersensibilité des nerfs de la vessie qui enverraient de faux messages au cerveau pour stimuler la miction ou une réaction auto-immune, c'est-à-dire que la personne fabrique des anticorps contre sa propre vessie ;
  • un trouble de la perméabilité de la muqueuse : la vessie laisserait entrer des substances toxiques responsables de l'inflammation ;
  • une prédisposition génétique à ce syndrome, bien qu'il ne soit pas héréditaire.
     

Son origine est donc probablement multifactorielle. C'est ce qui expliquerait, en partie, qu'il faut attendre plusieurs années avant que l'on fasse le bon diagnostic.

Les traitements de la cystite intersticielle

Le seul moyen d'apaiser les douleurs : l'hydrodistension
Le seul moyen d'apaiser les douleurs : l'hydrodistension

Le traitement du syndrome de la vessie douloureuse se limite au soulagement de la douleur car on ne connaît pas les causes de l'inflammation. Contrairement à une cystite classique, il ne s'agit pas d'une affection bactérienne qui peut être traitée par de simples antibiotiques.

S'il n'est pas encore possible de guérir de cette maladie aux causes inconnues, il existe toutefois des méthodes efficaces pour soulager les patients. Certains médicaments (certains antidépresseurs, antihistaminique, pentosane ou dyméthlsulfoxide instillé dans la vessie)) ont par exemple fait leurs preuves. Problème, il faut en changer régulièrement. La neuromodulation au niveau de la moelle épinière peut être une option intéressante.

On a aujourd'hui recours à une dilatation de la vessie avec de l'eau, c'est ce que l'on appelle une hydrodistension, cette technique permet de soulager un tiers des malades durant plusieurs semaines.

L'hydrodistention était utilisée au départ uniquement pour rechercher les lésions inflammatoires. Et ce n'est que par hasard, lors d'un examen sur une patiente, que les urologues ont découvert son effet bénéfique. Reste que ce soulagement est temporaire et qu'il s'estompe au fur et à mesure des hydrodistentions.

En dernier recours uniquement, une opération peut être envisagée. La plus radicale est la cystectomie : une ablation de la vessie. Une autre consiste à prélever une portion de l'intestin pour être suturée à la vessie et ainsi agrandir cette dernière.

Agir sur les facteurs favorisants

Agir sur les facteurs favorisant est important : stress, rapports sexuels, aliments à haute teneur en potassium (agrumes, chocolat boissons caféinées, tomates), aliments épicés, tabac et alcool. La modification du régime alimentaire, une meilleure gestion du stress, des exercices de contractions du périnée, ou encore un programme d'entrainement de la vessie peuvent aider à diminuer les symptômes. (source : Manuel Merck).

Déremboursement de l'Elmiron : l'inquiétude des patientes

L’arsenal thérapeutique est très limité pour le syndrome de la vessie douloureuse. Un médicament, l’Elmiron, permettait de soulager un certain nombre de patientes mais il va complètement disparaitre du marché français. Les autorités sanitaires ont en effet décider de le dérembourser et vu son coût élevé, il sera compliqué pour les malades de se le procurer.